Accueil du site - Projets humanitaires - Gandhiji school - Actualités - 2014 - 19/09/2014 : UN "BLACK TUESDAY"

UN "BLACK TUESDAY"

Bonjour,

Un des mardis précédents nous avons fait une très curieuse expérience, un "black tuesday" que les élèves ne sont pas prêts d’oublier.

Tous nos enfants viennent de familles pauvres, la chance qu’ils ont d’être à la GS est inespérée. L’école est non seulement jolie et bien équipée mais elle est entièrement gratuite, y compris les uniformes, le matériel scolaire, les repas complets, les activités extra scolaires comme le yoga, le volley-ball, les échecs, le carrom, la natation, etc., et il y a plus encore, les classes ne comptent que 24 élèves, les professeurs sont attentifs à chacun individuellement, les élèves sont éduqués au sens complet du terme, guidés vers une liberté d’expression… à tel point que pour la vaste majorité la GS est leur vraie maison, leur vraie famille où on les écoute, où on les encourage, où ils sont aimés…

Tout cela ils le savent bien mais il est bon de temps en temps de leur rappeler, et plus encore qu’à eux, …à leurs parents ! Si les enfants sont méritants, disciplinés, motivés, c’est loin d’être le cas pour beaucoup de leurs parents peu reconnaissants, parfois exigeants, voire grossiers… Il s’agissait de leur faire prendre conscience de leur chance, non pas par des mots mais en action, la mémoire oublie vite, mais le corps jamais !

De commun accord avec les professeurs et les élèves on a donc décidé que ce fameux mardi serait "une journée complète d’une école ordinaire", une école comme dans laquelle ils seraient si la chance ne les avait pas touchés…

Une école ordinaire ? Très bien, alors quand on y entre le matin, pas de professeur souriant à l’accueil, seulement le gardien impersonnel, on va directement dans sa classe et on ne parle pas. Bien sûr ni thé ni lait ni biscuits le matin, directement au cours. Les professeurs ne sourient pas, ils enseignent, point c’est tout. On ne pose pas de question, on se débrouille entre élèves. Le midi, la cuisine est fermée (le cook est en congé), chacun a apporté son casse-croûte et on mange sur son banc, en silence. Il n’y a pas de récréation. Au cours de gym, pas de jeux, seulement des exercices et de la discipline au sifflet. Si on parle en classe on est puni, parfois simplement en restant accroupi inconfortablement à l’extérieur de la classe ou pis encore, par une petite visite au bureau de la Directrice (qui ce jour-là a usé de la baguette avec énergie !). Si on ne répond pas convenablement, un bon coup de latte sur le dos de la main ou sur le bout des doigts et au besoin une gifle bien cuisante. Aller à la toilette ? Uniquement à deux moments précis de la journée. A 4 heures on quitte la classe en rang et en silence jusqu’au-delà de la grille. Pas de sport, pas de snack, pas de thé, rien. Une école c’est fait pour étudier, pas pour s’amuser…

Ce mardi noir, même l’électricité était de la partie : en panne toute la journée, donc, pas de ventilateurs dans les classes, …et il faisait bien chaud…

Tout le monde était préparé pour l’expérience, les parents avaient reçu une note à signer dans le journal de classe, ils avaient dû cuisiner le lunch tôt le matin…

Et bien, c’était très dur ! Regarder les élèves avec sérieux, les arrêter pour leur demander leur nom ( !), pour leur faire une remarque désagréable, ne jamais leur sourire…, et j’oubliais une chose : ce jour-là les grands et les grandes, …pas de queue de cheval mais des rubans old fashion dans les cheveux, pas de jeans mais des shorts ou des pantalons ordinaires pour les garçons et des churidhars guindés pour les filles…

Jamais une journée à la GS n’a semblé aussi longue, aussi morne, et les voir partir à 4 heures le regard bas, sans leur dire au-revoir, quelle désolation, mais il fallait jouer le jeu jusqu’au bout…

Le lendemain matin…..

C’était les embrassades ! Plus jamais ça ! C’était horrible ! Oui on le refera un jour, mais pas de sitôt, l’année prochaine peut-être…

Evidemment aucune photo n’a été prise lors de ce mardi noir, hier un petit groupe d’élèves s’est amusé à reconstituer certains moments de la journée, le PeT Master (alias Nagarjun) inspectant les ongles, les punitions, le ruban autocollant sur la bouche signifiant qu’on ne pouvait pas parler, les demandes pour aller à la toilette, le contrôle des cahiers par la HM (alias Filomena), la sortie surveillée à 4 heures…

De gauche à droite : Ruban Daniel, Dhinesh, Gowshikan, Kalaiselvi, Priyadharshini, Swetha et Kamalesh

La toilette en dehors des heures ? Pas question !

et pour terminer en beauté l’explosion de joie le lendemain matin !

Une solide expérience !!

Lien vers l’album

A bientôt

Thierry