Accueil du site - Projets humanitaires - Apna Ghar - Articles sur ces projets - 06/07/2010 - BHUMI PUJA ou la bénédiction de la terre

La fin d’une longue recherche, d’une longue attente. Le terrain pour la maison d’accueil au sein des briqueteries de Kanpur est enfin trouvé !

Petite remise en mémoire, ce projet est d’accueillir environ une unité de 25 jeunes des briqueteries par année, jusqu’à 100 ? 125 ? et de construire les pavillons au fur et à mesure du développement. Pour cela bien sûr, il faut d’abord être chez soi, d’où recherche d’un terrain dans la même région.

Quand Mala s’est associée à Asha, le projet baptisé Ek Kadam (« un pas ») avait déjà deux ans et rien ne bougeait. Ils avaient décidé de terminer l’expérience et d’assurer l’avenir des 12 pionniers en les inscrivant en boarding school à Varanasi. C’est à ce moment que le hasard a mis Mala et Asha en contact…

Depuis lors, deux autres années ont passé. L’argent pour le terrain a été transféré et on attend, on attend. Pendant ce temps Mala démarre une vaste action à long terme : un repas complet par jour pour 600 enfants des petites écoles primaires prises en charge par Vijaya Didi et un supplément de salaire pour les enseignants. Mahesh, le responsable Ek Kadam, visite des quantités de terrains : la plupart sont véreux, certains propriétaires hésitent sous les pressions contraires, etc.

Mala est patiente mais il y a des limites. On finit par mettre Asha le dos au mur, il n’est plus possible d’attendre plus longtemps. Si aucune solution n’est trouvée pour mardi 6 juillet (date de notre visite), nous demandons le remboursement. Avec un profond regret si ce beau projet échoue. Et sachant qu’aucune aide extérieure n’est jamais intervenue ni probablement n’interviendra, à part Mala…

Et le miracle indien se produit à nouveau. C’est toujours en dernière extrémité que les choses bougent. Et comme par hasard la nouvelle tant attendue arrive le 1er juillet : le terrain est trouvé et la bénédiction de la terre est prévue pour ce mardi 6 juillet… ?! Mais ils prennent un gros risque, un très gros risque : l’enregistrement proprement dit n’aura lieu que le vendredi, jour auspicieux ! Si cela échoue, personne n’osera jamais recommencer, ce sera un signe des Cieux. Sundar Iyeret Deepak Gupta, professeurs d’université, Vallabh le trésorier de Asha India, tous sont inquiets et ne le cachent pas. Mais Mahesh est responsable du projet, il faut le laisser faire. On veut y croire… Il tient particulièrement ce terrain à l’œil depuis pas mal de temps, il le travaille…

Après un meeting avec les responsables de Asha à la Indian Institute of Technology de Kanpur on se retrouve donc à Apna Ghar, la maison louée pour les pionniers. Les jeunes sont en forme, on se raconte des histoires, on chante. Ils enfilent un T.shirt rouge qu’on leur a apporté pour l’occasion. On leur remet un beau bic aux couleurs indiennes. 17 heures, en route pour ce fameux terrain. 20 km du centre ville mais seulement 7-8 km de Apna Ghar et tout proche d’une des briqueteries visitée avec Nicole et Mercedes l’année précédente. Un peu sur la hauteur, un vaste terrain plat, rectangulaire, fort bien situé… C’est presque trop beau, peut-on vraiment y croire ? Le groupe se forme : environ une quarantaine de personnes. Sukhlaji brahmane dirige la cérémonie. Elle se situe sur un coin de la terre et face vers l’extérieur, en diagonale. Le Collector et d’autres officiels, quelques Membres Asha, Vijaya didi, des institutrices, etc. Arrivent en dernier les 4 fils propriétaires, des cultivateurs locaux très simples, avec leurs jeunes enfants. La cérémonie peut commencer. Je n’ai pas le choix, je dois officier avec Sukhlaji, les hindous ne peuvent ou n’osent pas prendre le risque avant l’enregistrement. Ce problème de conscience ne me préoccupe pas fort, on s’y met. Sukhlaji opère de main de maître, il est expérimenté. C’est long, au moins une demi-heure de prières, d’huiles, de fleurs, de bénédictions, de mal aux genoux, d’incantations aux différents Dieux dans le bon ordre. Offrandes aux 9 Dieux ou entités symbolisés sur une pierre rectangulaire. La fumée du feu est parfois difficile pour les yeux et pour la gorge, personne ne semble s’en apercevoir. Les 4 frères se joignent à la puja vers la fin. C’est bon signe… ? Ils ont de bonnes têtes. On offre des bics à tous les participants, en mettant les enfants des 4 fils bien à l’honneur, cela ne peut que les émouvoir… Mahesh n’hésite pas à dire en riant que ces bics devront signer la vente demain à l’enregistrement, tout le monde s’amuse… mais les propriétaires savent maintenant que des étrangers sont sur l’affaire, il ne faudrait pas que cela leur donne des idées… ?

Il fait quasi noir quand tout se termine. Vijaya Didi semble assez fatiguée. Elle a perdu une douzaine de kgs ces derniers temps. Si tout se déroule bien, quand le premier pavillon verra le jour, le terrain est grand assez pour y construire un abri, en bambou dans un premier temps, qui remplacera 3 des petites écoles primaires des briqueteries. Vijaya pourra y enseigner en se déplaçant moins et les familles de ces enfants pourront comprendre l’importance de la maison d’accueil : premier terreau pour les futures inscriptions.

Il faut compter une heure pour l’au revoir… en effet on ne les verra plus, le vol Kanpur-Delhi du mercredi ayant été lui aussi annulé, on devra partir en voiture assez tôt pour prendre le vol Lucknow-Delhi en remplacement. Mahesh nous promet de nous donner des nouvelles le lendemain dès que l’enregistrement sera terminé… ?

Happy end. Delhi, mercredi après-midi, coup de fil de Mahesh : ça y est, tout est consommé. Le terrain est à eux. Tous les papiers sont signés, seul un des 4 frères ne sait pas écrire, l’empreinte de son pouce fait foi… C’est la joie. Sundar Iyer s’éponge, il est brahmane du plus haut niveau, en cas d’échec le projet aurait été condamné à jamais…

Thierry et Nancy